Durare Ubique In Perpetuum
Durare Ubique In Perpetuum
(Continuer d’être, Résister partout et pour toujours)
J’ai voulu, en réalisant cette série, rendre hommage à toutes les femmes, partout et de tout temps, qui malgré des contextes violents, dangereux et dramatiques parviennent à porter la vie, la libérer, la choyer et la donner au monde. J’admire ces femmes qui ont été, sont et seront. La question de la maternité s’est posée à moi bien avant d’être maman, et j’ai toujours été subjuguée par la force maternelle, l’animalité liée à l’enfantement. Enceinte moi-même, je pensais à toutes ces femmes bien moins chanceuses que moi, et je voulais vous parler d’elles. Raconter leur courage et leur force. Comment cacher pour protéger ?
Je me suis photographiée moi-même, car je ne souhaitais pas demander à une femme enceinte de se promener nue sur des décombres et des bris de verre, alors j’ai décidé de poser et j’ai donc réalisé ces autoportraits. Cette démarche m’a amenée à vouloir également exprimer avec simplicité les transformations et bouleversements psychiques dûs à la grossesse, et peut-être plus encore à la libération de la vie, la naissance. Chaque maman parcourt alors pendant neuf mois un chemin chaotique, ponctué par un final en apothéose avec la naissance du bébé, d’une force incroyable. La grossesse nous aide évidemment à nous rapprocher de notre état animal, lointain mais pas oublié, et je souhaitais que cette série « Durare Ubique in Perpetuum » mette également en avant cette évidence. La grossesse est un état de grâce pendant lequel nous sommes connectées à nos racines ancestrales, notre instinct, nous sommes connectées aux autres comme jamais. Malgré le décor, c’est le corps et la vie qui deviennent essentiels, le reste s’efface presque.
Ce corps blanc et rond symbolise également un futur que je nous souhaite clair et doux, qui se construira sur notre présent quelque peu délabré et abîmé.
Le contraste dans les photographies entre le corps laiteux et les ruines crée une lecture très facile, qui correspond à ma démarche générale, raconter beaucoup avec les images les plus simples.
Je pense que cette série d’autoportraits parle beaucoup d’elle même, et j’aime aussi laisser le visiteur apprécier et en se l’approprier pour faire sa propre histoire, c’est en laissant cette liberté que le travail devient riche. Lors des expositions je ne détaille pas forcément ma démarche ni le modus operandi afin de laisser chacun vivre sa propre expérience.
Cette série est la première étape d’un travail au long cours sur la femme.
Deux tirages 60X90 paysage contrecollés, cinq tirages papier 68X48 portrait (image de 60×40 avec marges de 4) et deux tirages papier 68X48 paysage.
Les tirages sont des impressions numériques réalisées par Tristan Zilbermann de la Fabrique de l’Image à Meysse (07).
Deux des tirages 60*90 sont des impressions jet d’encre pigmentaire EPSON sur papier fine art Hanhemhule mat fibre 200 gr, contrecollé sur dibond, barres métalliques au dos. L’autre 60*90 est une impression jet d’encre pigmentaire EPSON Ultrachrome, papier synthétique Neschen, PP Nolite contrecollée sur panexpan.
Tous les tirages papier simple sont des 48*68, impressions jet d’encre pigmentaire EPSON Ultrachrome, papier synthétique Neschen, PP Nolite et nécessitent deux points d’accroche pour tenir les pinces à dessin qui servent de support.
Cette série a été exposée aux arts épatants du Château de Verchaüs en 2015, aux Rencontres de la photographie de Chabeuil en 2017, et a élu domicile le reste du temps au cabinet de Cyrille Philippe, maïeuticien.