Après la fulgurance de la claque, je me remets, doucement, et je pense, je pense beaucoup. Je fantasme, naïvement, mais convaincue, à un « Après » intelligent, commun, nouveau, construit par nous, fruit de nos réflexions et nos décisions.

Un travail réalisé pour Enedis, un corpus de cyanotypes pour l’inauguration de la Villa Mangini.

Sous la charme de cette demoiselle du XIXe, j’ai créé pour moi et pour offrir. Une démarche particulière.

D’après Larousse, le cosmos est « l’Univers et ses lois, ou, plus généralement, tout univers, réel ou issu d’une conception scientifique ou fantastique. »
Le 15 Mars 2020, pressentant la quarantaine et l’isolement qui nous menaçaient, premier confinement mondial, ma vie s’est emplie de vide. Ce fut vertigineux, fort, silencieux et angoissant.

J’ai eu assez rapidement une idée précise des images que je voulais créer. Les corps nus, purs, bruts, de femmes, sous un voile blanc un peu transparent, dans un contexte quotidien (à domicile), ou un peu onirique, pour ouvrir la réflexion à une liberté des âmes et des corps plus largement envisagée. Je désirais également parler des hommes, car nous ne pouvons parler de la liberté des femmes sans évoquer celle des hommes.

L’amour. L’amour nous surprend et nous déstabilise, nous ancre et nous tient, l’amour indéfectible nous renforce et nous fragilise, l’amour est universel et atemporel, l’amour fait la vie.

J’ai voulu transcrire et raconter les espoirs les peurs et les envies que l’amour procure, avec la conviction que ces morceaux de vie sont universels. Je propose une compréhension très aisée de ces traversées d’états d’esprit, alors que dans la vie la complexité des imbrications nous rend difficile certaines interprétations.

J’ai voulu, en réalisant cette série, rendre hommage à toutes les femmes, partout et de tout temps, qui malgré des contextes violents, dangereux et dramatiques parviennent à porter la vie, la libérer, la choyer et la donner au monde. J’admire ces femmes qui ont été, sont et seront. La question de la maternité s’est posée à moi bien avant d’être maman, et j’ai toujours été subjuguée par la force maternelle, l’animalité liée à l’enfantement. Enceinte moi-même, je pensais à toutes ces femmes bien moins chanceuses que moi, et je voulais vous parler d’elles. Raconter leur courage et leur force. Comment cacher pour protéger ?

Cette série de tirages cyanotypes est issue d’une réflexion sur la « Mélodie des Choses ».
Dans la forme, en créant un parallèle entre les images et la musique, 3 formats, 3 formes et 3 papiers, comme un rythme, des notes et un tempo qui créent ensemble la mélodie.
Il s’agit de ma première série intime, même si inévitablement mes séries précédentes étaient empreintes d’une touche autobiographique.

Les images se relient les unes aux autres dans une narration douce et mélancolique. Elles proposent un autre monde facile à comprendre, où tout serait identifiable, aurait une place, un rôle, un monde dans lequel la fatalité, les émotions et les remous seraient admis, simples et doux ; Où chaque mélodie individuelle contribuerait à une mélodie commune, une histoire vraie imaginée, un rêve qui touche le réel.

J’ai réalisé cette série un matin d’hiver au ciel blanc, avec les oiseaux du Parc de la Tête d’Or de Lyon. L’envol et le mouvement semblent ici figés encore plus, avec le flou filé qui efface le contexte immobile. Un rendu photographique particulier dû à la lumière blanche, un peu comme une aquarelle, des couleurs s’approchant, sans en être, du noir et blanc.

Une échappée visuelle, un univers étrange et un calme serein qui apaise les esprits.

Dans ce lieu chargé d’ondes, devant les murs et derrière les barreaux et barbelés pour quelques toutes petites heures, il m’était permis de sortir et rentrer dans les cellules, déambuler dans les couloirs, arpenter les salles dont l’usage passé restera pour moi un mystère.
Un monde étrange s’ouvrait et j’étais là, sans guide ni parole, à chercher un je ne sais quoi de trace ou de discours, comme pour arranger ce que j’imaginais. Le monde carcéral est dur, cruel, c’est une punition. Mais devant les dessins de Titi ou les photos de motos découpées dans les magazines, j’avais parfois l’impression d’être dans la chambre de jeunes adolescents, et je me suis alors demandé ce qui avait poussé tous ces «pensionnaires» à atterrir ici. Quels méfaits, quels crimes, quelles violences ? Les traces, les écailles de peinture, le vent dans les fenêtres, les portes à terre pourraient-ils m’en parler ?

Je n’ai pas vu le défunt, imaginé seulement les yeux fermés, le visage, la chair.
A quoi pouvait ressembler le mort ?
Quand on sait qu’on ne saura jamais, le vide devant se forme, à l’infini.

Les jamais sont rares. Celui-ci est brutal, violent. Il n’y aura plus jamais de dialogue, de geste, plus jamais. Depuis, parfois, un sentiment, une présence, un quelque chose dans l’air, une émotion forte giflante et fulgurante.
Absence jamais comblée, jamais remplacée.
Mes premières balades dans les cimetières furent loin de ces considérations tristes et malheureuses, bien au contraire. La sérénité des lieux, le calme, la vie qui s’y déroulent, contre toute attente, convoquent un peu toutes les âmes, alors peut-être y trouvai-je mon propre mort, peut-être pas. Il y a tellement de choses à dire aux morts que les vivants ne comprennent pas. Les morts savent, acceptent.

Lorsque nous avons décidé, Marie et moi, d’entamer un projet ensemble, photos et textes, nous avons voulu nous fixer un certain nombre de contraintes de travail. Faute de quoi, nous serions partis dans tous les sens, ce qui, vous en conviendrez, n’est jamais bon. Les gens devaient y comprendre quelque chose.

Tout d’abord, le thème. A l’époque, j’avais commencé de m’intéresser à la « fin du monde 2012 » dont tout le monde parlait. On avait déjà peur. L’idée serait donc une sorte de décompte fatal allant de janvier à décembre 2012. Puisque nous allions tous disparaître, autant essayer de laisser une dernière trace.

Le voyage que propose MrJ est avant tout l’humanité à travers le Clown. Les pieds ancrés dans la boue du quotidien ; les yeux et le coeur rivés vers le ciel, il est l’artiste et l’acteur de sa propre vie. La parole et le geste deviennent le socle de son travail. Mr.J expérimente les textes de la Genèse et de l’Apocalypse afin de se découvrir lui-même.

Lors de notre rencontre, j’ai été touchée par l’empathie, la sensibilité, la générosité de Domenico Boasso, et Mr. J.
J’avais déjà entamé une réflexion sur la «force fragile» de l’homme, notamment lors de mes déambulations dans les cimetières, et mon travail dans les blocs opératoires. Notre existence, mortelle, éphémère et longue à la fois, est parsemée d’épreuves, que chacun appréhende à sa façon. Nous sommes tous susceptibles de révéler une force insoupçonnée, même fragilisés et abîmés. Tant d’un point de vue du corps que de l’âme. Cette force peut donc être révélée, ou anéantie. C’est une «force fragile», ou «fragile force».

« Partir dans une enclave Serbe du Kosovo » ; Attirant comme tout ce qui intrigue, inquiète ; rempli d’inconnu, promesses de découvertes, d’apprentissages.
J’ai tenté de montrer ici les ressentiments qui m’ont traversée sur place, sans autre analyse que celle de l’impalpable. Les tensions de ce pays sont trop complexes, trop ancrées pour que je puisse me permettre de prendre parti, ou faire une analyse poussée.

Artiste Photographe

Recherche artistique

Série Photographique

Je photographie souvent, en divers lieux, diverses occasions, je suis photographe, on dit que je suis artiste photographe. Au bout de quelques temps se dégagent des lignes directrices dans mes recherches, formelle ou factuelles, se construit alors une série, photographies que j’assemble a posteriori pour raconter à ma façon. Ce travail de recherche de lien, de construction, est souvent long et difficile, comme une écriture, mais il me nourrit énormément. La série photographique peut aussi se construire préalablement, s’imaginer, et la création débute dès la prise de vue.

Tirage d Art

Le travail pour préparer une exposition est long, et doit être appliqué. Le tirage, l’objet par lui-même, le papier que l’on choisit, le mode d’accrochage sont aussi importants que l’histoire racontée par les images. C’est le rôle de l’artiste photographe de connaître et d’apporter toute son attention à la meilleure réalisation, choisie en fonction du propos et de l’image travaillée.Depuis ma toute première exposition je n’ai fait que progresser dans le choix de mes papiers, et je travaille avec deux tireurs pour les tirages numériques, Gil Collot de Picto, et Tristan Zilberman de la Fabrique de l’Image. Tous deux connaissent mon travail, et nous formons des qui qui fonctionnent très bien, ils comprennent mes désirs et sont en plus d’excellent conseil lorsque j’en ai besoin. Le papier choisi en fonction de la série, le travail pointu nécessaire à la préparation d’exposition, sont encore plus précis et plus aboutis grâce à eux.

En ce qui concerne mon travail de cyanotypie, j’ai découvert la technique avec Noël Podevigne, et depuis j’ai fait ma propre route. Ma recherche sur la technique et ses variantes, les techniques mixtes qui s’en mêleront bientôt, demandent un temps et une réflexion nécessaire. Là encore, et plus encore, l’intérêt et d’ajouter à l’image n travail plastique approfondi qui renforce la narration et l’atmosphère de mes expositions. Je développe, depuis 2020 une recherche plastique plus poussée autour de la cyanotypie.

Les recherches, les réflexions, les enjeux évoqués constituent un travail d’artiste photographe.

Photographie d’art

 

Je me définis avant tout comme photographe. L’important pour moi est d’attraper, de déclencher, de chercher. Le plaisir de chercher et pousser plus loin la construction, dans l’émotion la narration, en sensibilité, ouvrir mes petites antennes pour capter et tenter de vous offrir et raconter en images est une démarche, il est vrai, que l’on peut qualifier d’artistique. En cela, depuis peu, il m’arrive de constater qu’en effet, je peux me définir, encore modestement, comme une artiste photographe.

Mes préférences

Je préfère ne pas rester dans les sentiers battus, ne pas me ruer dans les atmosphères, ou techniques « en vogue ». Je travaille vraiment à ma façon, sans me laisser aller à créer en fonction de « ce qui pourrait marcher ». Je crois que les travaux d’art doivent être totalement intrinsèques, mais lisibles de tous. Là est toute la difficulté. Ecouter mon intérieur, attentivement, suivre mon instinct, mes envies, et travailler à créer, produire pour que mon intérieur vous soit offert à voir. Et cela,on peut le dire, est assez difficile. En conséquence, quand cela fonctionne et que je vois des visiteurs à mes expositions qui sont touchés, émus, lorsque je vends un tirage, lorsque les conversations deviennent intimes en cinq minutes, alors je me dis que j’ai bien travaillé.

Ma photographie

Ma photographie est sensible, instinctive, simple. Je m’attache à chercher toujours la façon la plus simple de raconter. Sans fioritures, sans effet grandiose. Il est plus difficile de toucher et émouvoir dans la sobriété, c’est donc mon challenge à chaque création, de trouver l’image la plus simple qui racontera le plus, ou comment lier ensemble une série ou la voir sortir du film pas à pas, comment certaines photographies ensemble peuvent résonner et créer leur propre mélodie, une petite musique douce, un peu mélancolique, mais pleine de tendresse.

Je suis tranquillement mon chemin d’artiste photographe, humblement et simplement.