Marie Bienaimé Artiste Photographe Lyon
Cette série de tirages cyanotypes est issue d’une réflexion sur la « Mélodie des Choses ».
Dans la forme, en créant un parallèle entre les images et la musique, 3 formats, 3 formes et 3 papiers, comme un rythme, des notes et un tempo qui créent ensemble la mélodie.
Il s’agit de ma première série intime, même si inévitablement mes séries précédentes étaient empreintes d’une touche autobiographique.
J’ai volontairement travaillé sans avoir lu le texte de Rainer Maria Rilke, je voulais créer ma propre mélodie. Quelle n’a pas été ma surprise, une fois le travail abouti, de découvrir enfin ses fabuleuses « Notes sur la mélodie des choses » ! (cf les citations ci-dessous).
Les images se relient les unes aux autres dans une narration douce et mélancolique. Elles proposent un autre monde facile à comprendre, où tout serait identifiable, aurait une place, un rôle, un monde dans lequel la fatalité, les émotions et les remous seraient admis, simples et doux ; Où chaque mélodie individuelle contribuerait à une mélodie commune, une histoire vraie imaginée, un rêve qui touche le réel.
J’ai voulu, en réalisant cette série, rendre hommage à toutes les femmes, partout et de tout temps, qui malgré des contextes violents, dangereux et dramatiques parviennent à porter la vie, la libérer, la choyer et la donner au monde. J’admire ces femmes qui ont été, sont et seront. La question de la maternité s’est posée à moi bien avant d’être maman, et j’ai toujours été subjuguée par la force maternelle, l’animalité liée à l’enfantement. Enceinte moi-même, je pensais à toutes ces femmes bien moins chanceuses que moi, et je voulais vous parler d’elles. Raconter leur courage et leur force. Comment cacher pour protéger ?
Dans ce lieu chargé d’ondes, devant les murs et derrière les barreaux et barbelés pour quelques toutes petites heures, il m’était permis de sortir et rentrer dans les cellules, déambuler dans les couloirs, arpenter les salles dont l’usage passé restera pour moi un mystère.
Un monde étrange s’ouvrait et j’étais là, sans guide ni parole, à chercher un je ne sais quoi de trace ou de discours, comme pour arranger ce que j’imaginais. Le monde carcéral est dur, cruel, c’est une punition. Mais devant les dessins de Titi ou les photos de motos découpées dans les magazines, j’avais parfois l’impression d’être dans la chambre de jeunes adolescents, et je me suis alors demandé ce qui avait poussé tous ces «pensionnaires» à atterrir ici. Quels méfaits, quels crimes, quelles violences ? Les traces, les écailles de peinture, le vent dans les fenêtres, les portes à terre pourraient-ils m’en parler ?
Je n’ai pas vu le défunt, imaginé seulement les yeux fermés, le visage, la chair.
A quoi pouvait ressembler le mort ?
Quand on sait qu’on ne saura jamais, le vide devant se forme, à l’infini.
Les jamais sont rares. Celui-ci est brutal, violent. Il n’y aura plus jamais de dialogue, de geste, plus jamais. Depuis, parfois, un sentiment, une présence, un quelque chose dans l’air, une émotion forte giflante et fulgurante.
Absence jamais comblée, jamais remplacée.
Mes premières balades dans les cimetières furent loin de ces considérations tristes et malheureuses, bien au contraire. La sérénité des lieux, le calme, la vie qui s’y déroulent, contre toute attente, convoquent un peu toutes les âmes, alors peut-être y trouvé-je mon propre mort, peut-être pas. Il y a tellement de choses à dire aux morts que les vivants ne comprennent pas. Les morts savent, acceptent.
Le voyage que propose MrJ est avant tout l’humanité à travers le Clown. Les pieds ancrés dans la boue du quotidien ; les yeux et le coeur rivés vers le ciel, il est l’artiste et l’acteur de sa propre vie. La parole et le geste deviennent le socle de son travail. Mr.J expérimente les textes de la Genèse et de l’Apocalypse afin de se découvrir lui-même.
Lors de notre rencontre, j’ai été touchée par l’empathie, la sensibilité, la générosité de Domenico Boasso, et Mr. J.
J’avais déjà entamé une réflexion sur la «force fragile» de l’homme, notamment lors de mes déambulations dans les cimetières, et mon travail dans les blocs opératoires. Notre existence, mortelle, éphémère et longue à la fois, est parsemée d’épreuves, que chacun appréhende à sa façon. Nous sommes tous susceptibles de révéler une force insoupçonnée, même fragilisés et abîmés. Tant d’un point de vue du corps que de l’âme. Cette force peut donc être révélée, ou anéantie. C’est une «force fragile», ou «fragile force».
« Partir dans une enclave Serbe du Kosovo » ; Attirant comme tout ce qui intrigue, inquiète ; rempli d’inconnu, promesses de découvertes, d’apprentissages.
J’ai tenté de montrer ici les ressentiments qui m’ont traversée sur place, sans autre analyse que celle de l’impalpable. Les tensions de ce pays sont trop complexes, trop ancrées pour que je puisse me permettre de prendre parti, ou faire une analyse poussée.
J’ai réalisé cette série un matin d’hiver au ciel blanc, avec les oiseaux du Parc de la Tête d’Or de Lyon. L’envol et le mouvement semblent ici figés encore plus, avec le flou filé qui efface le contexte immobile. Un rendu photographique particulier dû à la lumière blanche, un peu comme une aquarelle, des couleurs s’approchant, sans en être, du noir et blanc.
Une échappée visuelle, un univers étrange et un calme serein qui apaise les esprits.
Lorsque nous avons décidé, Marie et moi, d’entamer un projet ensemble, photos et textes, nous avons voulu nous fixer un certain nombre de contraintes de travail. Faute de quoi, nous serions partis dans tous les sens, ce qui, vous en conviendrez, n’est jamais bon. Les gens devaient y comprendre quelque chose.
Tout d’abord, le thème. A l’époque, j’avais commencé de m’intéresser à la « fin du monde 2012 » dont tout le monde parlait. On avait déjà peur. L’idée serait donc une sorte de décompte fatal allant de janvier à décembre 2012. Puisque nous allions tous disparaître, autant essayer de laisser une dernière trace.